Deuxième quatuor à cordes
Détails
Famille instrumentale | Musique de Chambre |
Classifications catalogue | Quatuors à cordes |
Durée totale | 00:16:10 |
Éditeur | Éditions Billaudot |
Cotage | GB9479 |
Nb. total de pages | 56 |
Année copyright | 2016 |
Code EAN | 9790043094791 |
Description
Au cours de la première moitié du vingtième siècle, de nombreux compositeurs de Suisse romande suivent une double formation en Allemagne puis à Paris, conservant souvent par la suite – tel Frank Martin – des attaches simultanées avec les pôles latins et germaniques de leur pays d’origine.
Pour le genevois Pierre Wissmer, c’est la France, et elle seule, qui va servir de port d’attache, tant dans son existence que dans son esthétique créatrice. En effet, cette dernière se rattache de plain-pied à la musique française, tant dans son inspiration que dans la clarté de l’écriture et de l’instrumentation.
Né à Genève, Pierre Wissmer étudie la musique au Conservatoire de sa ville natale, avant de partir en 1935 pour Paris où il travaille tout d’abord auprès de Roger-Ducasse, avant d’acquérir la sûreté de son métier dans la classe de contrepoint de Daniel-Lesur à la Schola Cantorum. Son style, que l’on pourrait tout d’abord définir schématiquement comme post-ravélien, s’oriente au fil des années vers une relation plus distancée à la tonalité et un langage plus introspectif, comme en témoignent notamment ses dernières symphonies ou ses œuvres pour orgue. Cependant, la perfection et le raffinement de l’écriture contrapuntique demeurent, à l’intérieur de cette évolution, une constante dans l’art de Wissmer.
Parallèlement à sa carrière de créateur, le musicien (qui prend la nationalité française en 1958) accomplit une importante activité de pédagogue qui l’amène à enseigner l’écriture, l’orchestration et la composition à la Schola Cantorum, au Conservatoire du Mans (dont il sera le directeur de 1969 à 1981) et au Conservatoire de Musique de Genève.
La production de Pierre Wissmer s’adresse à tous les genres –hormis la musique religieuse - et se réfère volontiers, dans la musique instrumentale, aux structures classiques telles, la symphonie (il en composera neuf, entre 1938 et 1989), le concerto, (domaine qu’il cultive avec délectation) la sonate, le trio, le quatuor etc. Il est également l’auteur d’un remarquable corpus de mélodies, de ballets, ainsi que de plusieurs ouvrages lyriques, tel Marion ou la belle au tricorne qui connut un réel succès lors de sa création à Paris, à l’Opéra-Comique, en 1951.
La musique de chambre occupe une place importante dans le catalogue de Pierre Wissmer. S’il s’adresse volontiers aux instruments à vent, le musicien n’en oublie pas pour autant les cordes auxquelles il consacre notamment deux Quatuors dont le second fait l’objet du présent enregistrement.
Le Deuxième Quatuor à cordes appartient à une période extrêmement féconde dans l’œuvre de Wissmer, qui voit la naissance de Marion ou la belle au tricorne (1945), du 2ème Concerto pour piano et orchestre (1947), du cycle de mélodies La Balle au bond ou de la 2ème Symphonie (1951). On y décèle sans peine l’attachement du compositeur aux formes traditionnelles et l’œuvre ne craint pas un langage de caractère néo-classique, teinté d’une subtile polytonalité, qui ne péjore en rien la spontanéité de l’expression ni la richesse de l’invention mélodique.
Composé entre septembre 1948 et février 1949, le Deuxième Quatuor à cordes est créé par le Quatuor Vegh le 3 juin 1949 au studio de Radio-Genève. L’ouvrage, qui frappe par sa concision et le remarquable équilibre de sa polyphonie, se compose de trois mouvements, faisant abstraction du traditionnel scherzo.
Il débute par un Allegro moderato de forme sonate. Le premier thème en sol majeur, d’une belle éloquence, dialogue avec un deuxième sujet en ré majeur, formé lui-même de deux segments, l’un de caractère rythmique, l’autre plus mélodique. Ces deux éléments vont former l’essentiel du développement, le premier thème n’y figurant que de manière très fugitive. On le retrouvera, considérablement abrégé, dans une brève réexposition qui se termine par une énergique coda.
Une ample mélodie confiée, au premier violon ouvre l’Andante médian dont la première section, en ré majeur, se distingue par son généreux lyrisme. La deuxième section apporte le contraste par son atmosphère tendue, générée par des assises tonales très mouvantes et de constantes modulations. Le troisième volet ramène le thème initial suivi d’un épisode conclusif. Le morceau s’éteint dans la tonalité retrouvée de ré majeur, sur un dernier accord où scintillent les sons harmoniques du violoncelle.
L’Allegro final, en libre forme de rondo, ramène le ton de sol majeur. Le refrain s’ouvre par un motif de gigue, exposé par le premier violon, donnant lieu à un volubile premier volet suivi d’un premier couplet en rythme binaire. La seconde occurrence, variée, du refrain, nous mène en ré majeur, puis un second couplet prend la forme d’une marche burlesque. Une nouvelle variation du refrain, dans un ut majeur bientôt noyé dans la polytonalité, précède un troisième couplet, nouvel épisode binaire aux contours rythmiques très marqués. La superposition de lignes mélodiques de plus en plus chromatiques crée un brouillage harmonique qui se résout avec l’ultime réexposition en sol majeur, abrégée, du refrain. Ce dernier s’enchaîne à une brève coda formée de larges agrégats scandés par les quatre instruments, avant deux ultimes mesures conclusives dans le ton principal.
Jacques Tchamkerten