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Postlude à l’épais

Partition et matériel

Philippe LEROUX

Details

Instrument family Chamber music
Catalog classifications Quintets: other instruments
Instrument nomenclature flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano
Total duration 00:09:15
Publisher Éditions Billaudot
Cotage GB9805 0
Copyright year 2016
Copyright year 2016
  • Postlude à l’épais Visual

Description

> Commande de l’ensemble Meitar de Tel-Aviv
> Création le 2 juillet 2016, à l'Ircam (Paris, France) dans le cadre du Festival Manifeste, par le Meitar Ensemble sous la direction de Pierre-André Valade
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Troisième et dernier volet d’un triptyque : Prélude à l’épais, De l’épaisseur et Postlude à l’épais ; comme son titre l’indique, le concept ”d’épaisseur” : épaisseur temporelle (ou horizontale) et épaisseur verticale (harmonique, timbre densité).


Commande de l’ensemble Meitar de Tel-Aviv, à qui l’œuvre est dédiée, Postlude à l’épais, pour flûte, clarinette, piano, violon et violoncelle, a été composée en 2016. Comme d’autres de mes œuvres qui traitent d’un sujet particulier (De la vitesse pour six percussions, De la disposition pour grand orchestre, De la texture pour ensemble…) Postlude à l’épais explore la notion d’« épaisseur musicale ». Un souvenir est à l’origine de la recherche à la fois formelle et harmonique qui anime cette pièce. J’étais dans un train. Je devais avoir 17 ans. Je n’avais pas dormi de la nuit et j’étais fatigué. Je me souviens m’être assoupi, la tête contre la vitre du train, avec devant les yeux un vol de corbeaux dans le ciel. Quand je me suis réveillé, quelques minutes ou quelques heures plus tard, j’étais à la même place, dans le même train, mais celui-ci roulait en sens inverse et, coïncidence étonnante, mes yeux sitôt ouverts tombèrent sur un vol de corbeaux identique, poursuivant la trajectoire du premier envol, à partir de l’endroit même où celui-ci s’était arrêté avant mon assoupissement. Comme si les deux n’étaient qu’un seul mouvement, ininterrompu, en dépit de l’écoulement du temps et du changement de direction du train. L’ensommeillement avait été comme une brèche, une percée dans l’épaisseur du déroulement temporel, qui me laissait entrevoir une autre réalité. Postlude à l’épais tente de sonder ce sentiment qu’un instant particulier peut posséder plus ou moins d’épaisseur. L’œuvre débute par une texture de grande densité sonore et de compacité temporelle particulièrement élevée, qui est matérialisée par un accord répété extrêmement rapidement et perçu d’abord sous la forme d’une granulation sonore. Peu à peu, ces répétitions s’espacent en même temps qu’elles ralentissent. Naît alors, entre les trente occurrences de cet accord traité par modulation de fréquence (avec pour modulante la note LA), un autre cheminement musical, basé cette fois sur l’épaisseur harmonique et timbrale. Émergent également des lignes superposées de sons continus et discontinus fondées sur un spectre harmonique de LA, qui vont, elles aussi, nourrir les fissures produites dans le temps de l’œuvre par le ralentissement originel. Ces épaisseurs stratifiées s’évanouissent alors délicatement, laissant à la seule épaisseur temporelle le soin de crier l’infinie solitude de l’exclusive et désertique horizontalité. Si le ralentissement continu de l’accord se comporte comme une structure inamovible et inéluctable, le jaillissement qui naît de ses interstices, entre chacune de ses apparitions, se constitue de façon très spontané et libre. C’est un peu, d’une certaine façon : « sous les pavés la plage ! ». Postlude à l’épais constitue la troisième pièce d’un triptyque comprenant également Prélude à l’épais et L’épais.


(Philippe Leroux)