Les Cités de Lovecraft
Details
Instrument family | Orchestra |
Catalog classifications | Symphonic music |
Instrument nomenclature | 3.3.3.3 - 4.3.3.1 - timb, 4 perc, pno-cel, hp et cordes |
Total duration | 00:22:00 |
Publisher | Éditions Billaudot |
Cotage | GB9841 0 |
Copyright year | 2017 |
Description
> Commande de l’Auditorium - Orchestre national de Lyon et du Nederlands Philharmonisch Orkest
Avec le soutien de la Fondation Eduard van Beinum
> Création le 13 octobre 2017, à TivoliVredenburg, Utrecht (Pays-Bas), par le Nederlands Philharmonisch Orkest, sous la direction de Marc Albrecht
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I. Céléphaïs (8 mn 45)
- Les portes de bronze
- Entrée dans la cité aux rues d’Onyx
- Le temple de turquoise
- Les sept processions des Prêtres couronnés d’orchidées
II. Kadath (9 mn 30)
- Le plateau de Leng
- Le château des Grands Anciens couronné d’un diadème d’étoiles
- La salle du Trône et les porteurs de torches
- Apparitions de Nyarlathotep, le Chaos Rampant
III. La Cité du soleil couchant (3 mn 45)
Les Cités de Lovecraft sont un voyage symphonique en trois mouvements dans l’univers onirique d’Howard Phillips Lovecraft (1890-1937). Elles s’inspirent en particulier de la longue nouvelle fantastique A la recherche de Kadath (1927), qui explore le monde des rêves. Ce sont les visions tour à tour merveilleuses ou terrifiantes des cités que traverse le héros du texte qui m’ont donné envie d’écrire cette oeuvre. A la lumière enchanteresse de Céléphaïs répondent la noirceur et l’angoisse de Kadath pour s’achever dans le délire de joie de La cité du soleil couchant. La géographie lovecraftienne est si précise et débordante d’imagination que j’ai voulu la peindre par un monde orchestral foisonnant. J’ai employé des techniques d’écriture très différenciées suivant les mouvements afin que cette folie « baroque », si typique de Lovecraft, trouve un écho dans la multiplicité des couleurs de mon orchestre.
Céléphaïs est une cité portuaire rutilante avec ses murs de marbre et ses portes de bronze. En quatre parties, ce premier mouvement est marqué par ses couleurs éclatantes et une écriture mélodique diatonique marquée par la présence obsédante de l’intervalle de quarte. Après l’introduction (Les portes de bronze) où des chocs orchestraux se superposent aux fanfares des cuivres, le premier thème éclate (Entrée dans la cité aux rues d’Onyx) aux violons et se développe dans une effervescence orchestrale qui peint l’animation des rues. Dans Le Temple de turquoise, un deuxième thème (toujours basé sur l’intervalle de quarte) apparaît aux trompettes qui donne vie à une fête bigarrée et païenne. La troisième partie (Le palais de cristal rose des Soixante-dix Délices) est un moment d’accalmie dans lequel on retrouve le premier thème transformé en choral de cordes translucides environnées de sonorités miroitantes des bois, harpe et célesta. Après un pont, formé de trois accords trillés, commencent Les sept processions des Prêtres couronnés d’orchidées, un grand crescendo sur un ostinato à 7 temps conduit par un thème en quarte (nouvelle mutation du premier thème). C’est sur un fortissimo éclatant que se conclut la « visite » de Céléphaïs.
Par contraste, Kadath, le deuxième mouvement, dépeint la sombre cité des Anciens Dieux au sein de l’immensité glacée. La première partie (Le plateau de Leng) est une région désertique : un thème obsédant de plaintes aux altos et le souffle de l’éoliphone introduisent le thème principal, disjoint et chromatique aux violons. Ce thème-refrain et cette plainte vont alterner pendant toute cette première partie avec des séquences dodécaphoniques (série, renversable et miroir aux flûtes puis vibraphone) aux couleurs vaporeuses. Des nuages de clusters aux cordes se déploient pendant l’apogée du crescendo. Après une transition dans laquelle la série se diatonise peu à peu, émerge Le château des Grands Anciens couronné d’un diadème d’étoiles. Cette deuxième partie est basée sur un choral de cuivres très doux (sur le thème-refrain du début) surmonté d’un ostinato de flûtes-célesta et harpes. Le décor orchestral s’évanouit peu à peu et commence la troisième partie : La salle du Trône et les porteurs de torches. Après trois sonneries de cuivres commence une danse lente, indiquée « précieuse et maniérée » dans la partition, toujours sur le thème-refrain mais dans un nouveau développement. C’est enfin l’Apparition de Nyarlathotep, le Chaos rampant qui a lieu dans la quatrième partie : ce terrifiant et méphistophélique personnage apparait sous la forme trompeuse d’un jeune et androgyne pharaon. Pour lui donner voix, j’ai choisi un alto solo, psalmodiant en demi et quart-de-ton alors que naît un vent de double-croches aux cordes qui va peu à peu tout emporter.
C’est par ce souffle de vie que s’enchaîne sans interruption le troisième et dernier mouvement, La cité du soleil couchant. Cette merveilleuse cité d’or, étape ultime de la quête, n’est « que la somme de ce que vous avez vu et aimé dans votre jeunesse » écrit Lovecraft. En une seule partie, ce mouvement, le plus court, n’est que danse enivrée et joie exultante. Construit sur un thème ternaire, il fait alterner ce refrain à des séquences aux techniques variées : thème en miroir et augmentation aux cors (mesure 43), canons rythmiques complexes se superposant au thème en mesures asymétriques (mesure 55), flûtes désynchronisées du reste de l’orchestre dans un passage semi-aléatoire (mesure 114)… Le triptyque s’achève par l’accélération orgiaque du tempo et le thème devenu frénétique.
(Guillaume Connesson)