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Pascal Zavaro

Pascal ZAVARO

Si vous lui demandez de quels univers sa musique se nourrit, où elle puise, regarde ou se régénère, Pascal Zavaro pourrait, par boutade, vous répondre que l’équivalent musical de Brazil de Terry Gilliam le fascine absolument. Que ce film fantasmagorique, avec ses machines déglinguées, ses bouts de tuyaux monstrueux, nous montre en réalité une humanité déchirée et déchirante, et que sa musique s’y retrouve, car elle en respire les bouffées d’énergie et d’acide.


Il pourrait aussi vous parler d’Import/Export, ce film de l’autrichien Ulrich Seidl, « très dur sur la modernité, et qui nous dit ce qui subsiste d’une humanité morcelée mais vibrante ». Nous ajouterons, au rang de ses influences, qu’outre le cinéma, la sculpture et la peinture comptent toujours beaucoup pour Zavaro (il a grandi dans une famille de plasticiens, son père Albert est un célèbre peintre), et que ses références fréquentes à César, Tinguely ou Francis Bacon ne sont pas de simples postures. Des formes distordues et déséquilibrées de ce dernier, il a tiré Three Studies For A Crucifixion, pour orchestre de chambre ; à leur création en janvier 2004 à Radio France, il fallait voir la salle se déhancher et s’empourprer aux sons de ces éclairs et de ces swings désenchantés ! Oui, la musique de Zavaro se ressent avant tout, tactile, battante, avec son goût pour les danses (tiens, des fantômes de boogie ! tiens, des bouts de mambo !), ces batteries de rythmes qui démangent, ces harmonies piquantes et ces mélodies effervescentes, pleines de zébrures et de dangers. Car si son art s’amuse des univers qu’il convoque, il jouit encore plus de leurs conflagrations. L’attirance de Zavaro pour l’œuvre du polonais Mitorai en dit encore long sur lui : « Mitorai sculpte des fragments de statues qui ont l’air antiques, dit-il, mais avec d’étranges inclusions ; on peut voir un torse admirable, avec, soudain, un vide à la place du cœur. Et le travail artisanal est superbe, la facture magistrale. »


Chez Zavaro, le métier, lui aussi, est sûr et solide. La force expressive de sa musique, il la trouve dans une pensée harmonique clairement affirmée, qui met entre parenthèses, même s’il les connaît bien, les héritages un peu stériles du post-sérialisme. Il a appris à connaître la musique de ses confrères en la jouant, au sein des grands orchestres parisiens depuis les percussions, «le poste idéal pour compulser une partition dans son entièreté» précise-t-il. Là, il a entendu tout ce qu’il aimait ou détestait et su, par la pratique, tirer parti de ses expériences. Le jeune instrumentiste est peu à peu devenu compositeur : sa première partition chez Billaudot, Hommage à K, créée en 1991, est écrite pour le marimba, dont il est un interprète virtuose.


Singulier parcours que celui de ce compositeur, initié à la musique non par voie traditionnelle, mais par un groupe de rock, formé dans l’enfance. Et quatre disques à la maison, pas plus – Bach, Beethoven, les Beatles, Piaf. « J’ai appris à lire la musique tout seul, très tard, vers quinze ans. J’ai fait de la batterie, de la guitare, grâce à des méthodes, car je ne voulais absolument pas être au conservatoire. La musique faisait partie de mon jardin secret et n’avait rien à voir avec l’école. »


Si le spectre de ses influences est large, des madrigalistes à Stravinski en passant par Bach et Bartók, les minimalistes américains – Steve Reich en tête – ont particulièrement marqué son travail. Déjeuner sur l’herbe (2000) en est un bel exemple. Silicon Music (1997) montre bien son attirance pour l’électronique mais aussi son goût pour une musique pulsée, les déhanchements dynamiques, une énergie contagieuse qui plonge chez les répétitifs et dans le rock. Cette Silicon Music a remporté, en avril 2008, le Grand Prix des lycéens. Les jeunes ont gouté dans la pièce cette impression de ne jamais savoir ce qui allait advenir la seconde suivante. Comme une suite permanente de nouveaux événements, avec des développements retardés et brusquement stoppés. « Notre époque à tendance à zapper, commente Zavaro, et cette pièce a quelque chose du maelström, comme une descente en boblseigh où tout défile sans qu’on ait le temps de voir ce qui se passe ». Fiberglass Music (2001), elle fait jouer un quatuor sur un quatuor pré-enregistré. Mais les pages de l’électronique et du minimalisme semblent tournées, et sa musique est aujourd’hui plus européenne. The Meeting (2006), le Concerto pour violoncelle (2007) illustrent parfaitement ces manières et matières renouvelées, dont le tissu n’a rien perdu de sa tension ni de son expressivité tourmentée. Aujourd’hui Pascal Zavaro compte une soixantaine d’oeuvres à son catalogue. « J’ai trouvé l’univers harmonique dans lequel j’ai envie d’être, dit-il, et j’en découvre tous les jours un nouvel aspect. »


On le croit volontiers. Et on le suit illico.


(Jérémie Rousseau)



Résidences :

  • Orchestre de Picardie (2016-2017)
  • Festival Musiques au Pays de Pierre Loti - Pays Rochefortais / Pays Marennes-Oléron (19 au 26 mai 2018)
  • CRD de Pantin (2024)



Voir toutes les œuvres composées par Pascal ZAVARO www.pascalzavaro.com

Concerts

Créations

Les œuvres composées par Pascal ZAVARO

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Les ouvrages écrits par Pascal ZAVARO

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Discographie

2018 / Maguelone Music MAG 358.420 - Pascal Zavaro : Manga-Café
MANGA-CAFE, opéra pour 5 voix et ensemble instrumental
La Nouvelle Société des Apaches - Julien Masmondet (direction)


2018 / Claves Records claves 50-1813 - Pascal Zavaro : Into the Wild
LA BATAILLE DE SAN ROMANO, pour orchestre
PASTORALE, pour hautbois, basson soli et orchestre
INTO THE WILD, pour violoncelle solo et orchestre
LA MACHINE DE TRURL, pour orchestre

Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo - Bruno Philippe (violoncelle) - Julien Masmondet (direction)


2014 / Continuo Classics  CC 777.714 - Songs of Innocence
SONGS OF INNOCENCE, pour violon et chœur
SEUL DANS LE VIDE, pour chœur
Elisabeth Glab (violon) - Mikrokosmos - Loïc Pierre (direction)


2012 / Intégral Classic INT 221.176
ALIA, pour orchestre
DENSHA OTOKO, pour violon, violoncelle et piano
CONCERTO POUR VIOLONCELLE
Élisabeth Glab (violon) - Henri Demarquette (violoncelle) - Vahan Mardirossian (piano)
Orchestre de Pau Pays de Béarn - Fayçal Karoui (direction)


2011 / Saphir LVC 1123
RUSH, pour saxophone alto
Nicolas Prost


2006 / Mandala MAN 5113 - Silicon Music
SILICON MUSIC, pour violon et ensemble
Elisabeth Glab (violon) - Ensemble Phoenix - Pascal Zavaro (direction)
NYLON MUSIC, pour guitare
Alain Rizoul (guitare)
HALLUCINATIONS, pour piano
Vahan Mardirossian (piano)
BACANAL PARA PABLO PICASSO, pour 9 musiciens
Ensemble Phoenix - Pascal Zavaro (direction)


2006 / Radio France - Densité 21 DE 003
FLASHES, pour orchestre
Orchestre National de France - Kurt Masur (direction)
THREE STUDIES FOR A CRUCIFIXION, pour orchestre
Ensemble Orchestral de Paris - John Nelson (direction)
METAL MUSIC, pour ensemble de cuivres et percussions
Orchestre National de France - Gérard Schwarz (direction)
FIBERGLASS MUSIC, pour 2 quatuors à cordes
Quatuor Klimt


2005 / Mandala MAN 5111
SENSATION, pour voix (soprano) et guitare
Soprano : Françoise Masset
Guitare : Alain Rizoul


Primarily A Cappella / PACP 4530.2
DÉJEUNER SUR L’HERBE, pour 8 voix solistes
Swingle Singers



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BIBLIOGRAPHIE



NOUVELLE MUSIQUE, Stéphane Lelong
Édition Balland, 1994