Nun komm...

J’ai toujours été fasciné par les thèmes qui ont parcouru les siècles et généré tant de diversité dans leur adaptation aux époques et styles les plus éloignés. La mélodie grégorienne Veni, redemptor gentium fait partie de celles qui ont subi maintes métamorphoses sans jamais disparaître. Luther en fit un choral, Bach la sublima, et tant de romantiques s’en empareront.
À mon tour, j’ai vu dans ces quatre courtes périodes de choral une mélodie simple, d’une douce fluidité, qui semble porter en elle l’idée d’un tournoiement qui la ramène inexorablement à son début. C’est certainement l’idée de cette « boucle temporelle » qui détermine la forme en arche de ce court poème symphonique dans lequel chaque période devient un personnage thématique qui se superpose aux autres, d’où une écriture particulièrement polyphonique du violon.
Je reprendrai plus tard dans ma 3ème Évocation pour orgue (2008) ce thème et tenterai de l’amener plus loin dans cette idée de nappes de temps superposées. Et c’est dans Psalmos, symphonie concertante pour orchestre, que je poursuivrai cette idée de course frénétique vers un sommet, avant que la pièce ne replonge dans les profondeurs de l’Éternité que semble suggérer ce thème du XIIe siècle.

(Thierry Escaich)