De la texture
partition d'orchestre
Details
Instrumentale Familie | Kammermusik |
Katalogklassifizierungen | Oktette |
Gesamtdauer | 00:18:00 |
Herausgeber | Éditions Billaudot |
Cotage | GB8302 |
Musikrichtung | Zeitgenössisch |
Jahr copyright | 2009 |
EAN-Code | 9790043083023 |
Beschreibung
De la texture pour flûte, clarinette, guitare, piano, percussion, violon, alto et violoncelle, commande de la Fondation Koussevitzky in the Library of Congress pour le San Francisco Contemporary Music Players, a été composée en 2006 et 2007. L’ouvre tire son origine à la fois de l’ornementation baroque, des notions de texture sonore et de polyrythmie, ainsi que de la théorie du Big Bang. En jouant et en écoutant les musiques de Jean-Philippe Rameau et François Couperin, j’ai pris conscience que les connotations d’ordre décoratives que suggère en général la notion d’ornementation, ne représentaient en rien l’immense richesse rythmique et polyrythmique de celle-ci. Les superpositions de mélismes ornementaux (aux différents doigts des deux mains jouant le clavecin par exemple) génèrent des rencontres rythmiques complexes qui possèdent de réelles fonctions musicales dans les pièces de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. Par ailleurs, j’ai souvent utilisé dans ma musique la décomposition de figures rythmiques en une superposition de mètres différents, et sa réciproque, la création de ces mêmes figures par l’empilement de pulsations basées sur des durées différentes. Ceci m’a permis de créer dans plusieurs de mes œuvres une réelle continuité sonore entre des cellules de rythme, et des textures composées de couches polyrythmiques. Dans De la texture, j’ai donc souhaité allier ornementation, figures et strates polyrythmiques. Pour cela, j’ai construit des textures fondées sur des superpositions de couches, chacune faisant appel à une formule rythmique du tambour militaire français (façon personnelle de détourner ce qui n’a été créé, à l’origine, que dans un but guerrier). Ce sont les flas, les coups anglais, les ras de 3, 4, 5, 7, 9, 11, les flagadas, les pataflas, les dianes, les rigaudons… J’utilise ainsi environ une trentaine de formules comme dans De la vitesse pour 6 percussionnistes (2001). Ces couches sont multipliées sur elle-même, avec des décalages et des retards, générant ainsi une mise en espace des textures. Ces décalages rythmiques produisent effectivement des sensations spatiales, dans la mesure où les mêmes sons joués à des instruments différents, positionnés à des endroits distincts de l’espace physique et parfois éloignés les uns des autres, sonnent comme de petits échos ou des phénomènes de réverbération.
De la texture est aussi, en quelque sorte, le récit d’un Big-Bang musical. L’œuvre se déploie comme une sorte d’explosion, à partir de laquelle une matière constituée d’une multitude de particules sonores, de grains et de micro-cellules rythmiques, va se propager, mue par une énergie qui lui fait s’approprier l’espace de la salle de concert. En effet, les huit musiciens commencent la pièce en jouant tous ensemble à l’intérieur du piano, puis prennent leurs propres instruments et s’écartent peu à peu, en envahissant l’espace de la scène. À un moment, ils quittent celle-ci pour se retrouver dans les coulisses, ainsi qu’au milieu et derrière le public. Les trois espaces que sont l’espace de l’écriture (canons-delays, résonances-réverbération), l’espace acoustique (la salle de concert et son acoustique particulière) et l’espace d’interprétation (la position des musiciens dans la salle) se rejoignent alors pour n’en former qu’un seul.
Cette œuvre est dédiée au compositeur américain Edmund Campion.
(Philippe Leroux)