Why So Quiet
Partition et matériel
Détails
Famille instrumentale | Orchestre |
Classifications catalogue | Musique symphonique |
Nomenclature instrument | 4.4.4.4 - 6.4.3.1 - 6 perc, hp, pno et cordes |
Durée totale | 00:19:00 |
Éditeur | Éditions Billaudot |
Cotage | GB10008 0 |
Style musical | Contemporain |
Description
« Pour que dehors le centre se déplace » (André Du Bouchet)
Ecrire pour grand orchestre (l’œuvre réunit quatre-vingt-dix-huit musiciens) offre une infinité de configurations musicales possibles. Cette multitude exaltante demande une organisation de l’espace sonore soigneusement définie.
Lors de l’élaboration de la pièce, une idée s’est rapidement imposée : renforcer la sensation de profondeur dans l’orchestre.
J’ai choisi de jouer avec la disposition traditionnelle en trois écrans successifs – cordes / bois / cuivres. Les cordes adoptent une implantation stéréophonique – premiers violons à gauche, seconds violons à droite. Seuls les six percussionnistes peuvent être répartis autour de la scène et du public, matérialisant ainsi la profondeur, par l’éloignement maximal que dictent les limites de la salle. A l’opposé, le point de plus grande proximité doit être, à l’évidence, le chef. J’obtiens donc une « partition » de l’espace allant du chef, central, immédiatement entouré du quatuor de cordes solistes, de la masse de cordes divisées puis des vents, harpe et piano, jusqu’aux percussionnistes, comme autant de demi-cercles concentriques de plus en plus lointains.
Pour amener l’oreille à percevoir le point central, il m’est apparu que le chef ne peut plus être uniquement le déclencheur visuel des événements : il doit participer, par une action inhabituelle, sonore, à l’impulsion génératrice. Le geste du brigadier (le grand bâton utilisé au théâtre) et son impact au sol, par son poids dramatique important et sa relative « neutralité musicale », m’a semblé être l’objet idéal.
La figure d’ouverture est le germe de toute la pièce : l’impact sourd se répercute aux confins de la salle, comme une réverbération vers laquelle toute l’attention se déplace. L’idée m’en était venue lors de ma découverte, sur l’île de Teshima au Japon, de l’œuvre de Rei Naito et Ryue Nishizawa – montagne évidée où se rencontrent l’infime et l’infini, et où chaque événement, même le plus insignifiant, prend une importance démesurée.
Surgissent alors une multitude de dérivés et développements possibles : déflagration suivie de ses répliques, tremblement de l’air, propagation d’un frémissement, masse bruissante, rumeur sourde, dilatation et contraction, crépitements épars, craquement décomposé par la lenteur...
Why so quiet est dédié à François-Xavier Roth.
(Yves Chauris)